
Plus sur la même longueur d’ondes que ses dirigeants, Christian Gourcuff a donc quitté son club, celui qu’il a façonné et qui l’a façonné. Un juste retour d’investissement pour deux entités dont la rencontre aura créé une émulation dans la région. Dans les tribunes du Moustoir, les hommages se sont d’ailleurs multipliés. Des banderoles ont été déployées pour saluer le « maître de l’école lorientaise ». Une autre est venue résumer toutes ces années riches en émotion : « Lorient-Gourcuff, une histoire, une passion, trugarez vras (merci beaucoup) ! » Mais là encore, rien de transcendant dans l’émotion. Juste ce qu’il fallait pour un homme discret et qui n’a pas voulu participer aux festivités du club. « L’hommage du public me fait chaud au cœur car c’est quelque chose de vrai, de spontané, expliquera-t-il. Il n’y avait pas de show à l’américaine, c’était sobre et vrai ! » Un peu l’opposé des relations dans le staff. (...)
Lui se caractérise comme l’homme de personne. Une seule pensée, une seule entité, une seule passion : le football. Un sport dont il a une idée plus que précise (le 4-4-2 et le jeu en mouvement) et qu’il compare à un art. « La notion de plaisir et de beauté artistique est importante, avait-il expliqué en 2009. Je crois avoir une âme d’artiste. Mais je suis aussi très rationnel. Il faut qu’il y ait la répétition des gammes. J’ai déjà discuté de cela avec des peintres : leur bagage technique favorise, ensuite, leur créativité. Dans le foot, j’essaie de mettre tout en place en amont pour que le spectacle émerge ensuite. » Une denrée rare et un modèle qu’il a appliqué à la lettre pendant ses longues années sur le banc du club breton. Certains le disent austère, lui n’en a que faire et met en avant ses origines. « Affirmer que je corresponds au cliché du Breton, franchement, ce n’est pas faux, expliquait Gourcuff toujours en 2009. Je me retrouve dans des personnalités comme celles de Kersauson ou de Tabarly. Pour l’approche, on est froid. Quand quelqu’un arrive, on prend des distances. Mais c’est pour mieux aller au fond des choses ensuite. C’est ce qui s’est passé avec mon nouveau président (Loïc Féry). J’étais en recul au début. Ça l’a peut-être même crispé. Il avait le profil trader. J’étais en réserve. » On appelle cela de l’intuition. Les deux hommes auront tout de même cohabité cinq saisons avant de divorcer. La patience est aussi une vertu en Bretagne.
Source: Football365