S’il n’est pas sélectionné par Laurent Blanc pour les matchs face à l’Albanie et la Roumanie pour cause de blessure, Yoann Gourcuff n’a probablement pas dit son dernier mot dans l’optique de l’Euro 2012. En concurrence avec Samir Nasri et Marvin Martin, le Lyonnais dispose toujours d’un profil intéressant pour l’équipe de France.
Une technique au dessus de la moyenne
C’est malheureux, mais les critères de sélection ont conduit les formateurs à privilégier les joueurs athlétiques au détriment de ceux qui aiment taquiner la balle. Résultat : certains éléments de l’élite française sont certes capables de courir pendant 90 minutes mais ratent des gestes élémentaires comme un contrôle ou une passe, et semblent plus à l’aise haltères en mains que balle aux pieds.
Yoann Gourcuff ne fait pas partie de cette caste. Le Lyonnais dispose d’une excellente technique, l’essence même d’un vrai joueur de foot. S’il n’a pas la vivacité pour éliminer à chaque touche de balle plusieurs joueurs comme le fait Lionel Messi, il jouit de cette habileté qui lui permet de ne rater que très peu de gestes. Contrôler le ballon de la poitrine, de la tête ou de la cuisse ne lui pose aucun souci, tout comme utiliser toutes les surfaces de son pied pour passer et tirer. Un signe qui ne trompe pas : il parvient à cadrer des reprises de volée que beaucoup envoient dans les nuages.
Un véritable meneur de jeu
Un peu plus que Samir Nasri, Yoann Gourcuff « sent le jeu », pour reprendre l’expression du sélectionneur. Comme Marvin Martin, il sait toujours où se situent ses partenaires, ce qui lui confère un temps d’avance précieux à la construction du jeu. Cette faculté devient un véritable atout quand le joueur est capable de trouver ses partenaires, ce qui est évidemment le cas du meilleur joueur de Ligue 1 saison 2008/09. La passe en une touche de balle qu’il donne à Karim Benzema face au Brésil est un modèle du genre. Si le Madrilène avait mis le ballon au fond, tout le monde aurait crié au génie. Gourcuff est un meneur de jeu, un vrai, dans le sens où il est un « playmaker » : il fait briller ses partenaires. Un profil devenu rare.
Un joueur bientôt en confiance ?
Les réticences actuelles concernant Yoann Gourcuff sont le fruit de la crise de confiance qu’il traverse depuis maintenant près de 2 ans. Comme son équipe, il s’était effondré en deuxième partie de saison en 2010 quand il a appris que Laurent Blanc ne continuerait pas l’aventure à Bordeaux. Après une Coupe du monde désastreuse pour l’équipe de France comme pour lui, puisqu’il a été exclu lors du match face à l’Afrique du Sud, le Breton pensait se refaire une santé en signant à Lyon. Peine perdue : l’OL a traversé une période de troubles, avec une pression accentuée autour de Claude Puel et de Gourcuff lui-même, cible des supporters en raison du prix de son transfert qui était alors le nouveau record de Ligue 1.Oui mais tout ça, c’était avant l’arrivée de Rémi Garde. Depuis le début de la saison, les Gones ont retrouvé le plaisir de jouer. Si le nouveau coach rhodanien apporte à Gourcuff le même électrochoc qu’à Michel Bastos, Bafétimbi Gomis et Lisandro Lopez, tous transfigurés en ce début de saison, ça peut vraiment faire mal. Autre avantage non négligeable : le départ de Miralem Pjanic lui enlève un concurrent en club et lui offre les clés du jeu lyonnais.
Spécialiste des coups de pied arrêtés
Même si Franck Ribéry, Samir Nasri, Marvin Martin et Karim Benzema ne sont pas vilains dans cet exercice, disposer de Yoann Gourcuff serait assurément une plus-value pour l’équipe de France dans le domaine des coups de pied arrêtés, ce qui n’a rien d’anodin quand on sait qu’ils représentent un tiers des buts marqués dans le football moderne. Le joueur excelle sur coup franc comme sur corner, et trouve régulièrement partenaires ou chemin des filets. Il a même prouvé qu’il savait utiliser cet atout lors de moments critiques, comme face à Rennes dans les dernières minutes d’un match décisif pour l’obtention du titre de champion de France avec Bordeaux. En pleine confiance, le Lyonnais est un véritable « clutch player », à savoir un joueur capable de faire la différence quand beaucoup d’autres sont tétanisés par l’enjeu.
Une relation fusionnelle avec Laurent Blanc
On sait que le joueur n’est jamais aussi bon que quand il sent que son entraîneur le pousse. Laurent Blanc était son mentor à Bordeaux, l’homme qui était allé le chercher lorsqu’il cirait le banc de l’AC Milan et qui l’a érigé au rang de star du football français. Il saura lui parler mieux que quiconque, comme en atteste la capacité du joueur à marquer en sélection beaucoup plus facilement qu’en club durant le dernier exercice. Le Président ne se privera pas d’un Gourcuff à 100%. Car le numéro 29 de l’OL est, sur sa valeur intrinsèque, un des tous meilleurs joueurs tricolores du moment.
Source: La Chronique de Darinh Football.fr