L'ancien meneur de jeu breton des Girondins de Bordeaux est heureux de la victoire conquise à Wembley. Son association avec Nasri fut prometteuse mais reste à peaufiner.
Perdus dans les dédales de Wembley, il pose volontiers la clarté de ses yeux sur l'objectif curieux des caméras. Yoann Gourcuff se défile peu lorsque l'on attend de lui qu'il dise les mots du plaisir et de la qualité collective. En cet instant de la soirée, bouillonne encore en lui le bonheur éprouvé dans la construction de cette victoire de prestige contre les Anglais. Ce fut une prestation rare, l'une des plus belles réalisées par l'équipe de France depuis qu'il en porte les couleurs.
Alors il parle, avec sa façon à lui de ne pas se mettre en avant, pour juste évoquer la nécessité de toujours servir l'autre. « Je crois qu'une nouvelle dynamique s'est installée », confie-t-il. « On a produit du jeu et pris beaucoup de plaisir sur le terrain entre nous. Il faut dire que nos matches précédents comportaient un enjeu important. La pression inhérente à des éliminatoires ne nous avait pas permis de privilégier la qualité. Là, n'étant soumis à aucune pression quant au résultat, nous étions beaucoup plus sereins et nous avons pu satisfaire les espoirs du coach qui nous avait demandé de produire du jeu et de privilégier notre plaisir. »
Plus défensif
Dans un tel contexte, on attendait beaucoup de lui et de son entente avec Samir Nasri, l'autre leader technique de l'équipe. Elle ne fut pas toujours exceptionnelle mais chaque passe de l'un pour l'autre contribua à accélérer le mouvement tricolore. Et surtout, les deux compères surent se rendre complémentaires l'un de l'autre, avec une intelligence parfaite dans le partage des tâches.
« Cela s'est très bien passé », explique Gourcuff. « J'évoluais dans un poste un peu plus reculé que celui que j'occupe habituellement, avec un soutien à apporter à M'Vila à la récupération. Mais j'avais tout de même beaucoup de liberté offensive. Avec Samir, nous avons essayé de jouer dans les intervalles. J'ai établi une très belle relation technique avec lui mais aussi avec le reste de l'équipe. »
Vitesse du jeu
Le souci technique des deux hommes donna de la vitesse au jeu de l'équipe de France. « En jouant ainsi, avec beaucoup de mouvement, tout est beaucoup plus fluide », expose le joueur de l'OL. Tout fut aussi facilité par la passivité des Anglais, leur complaisance, pourrait-on dire, tant ils manquèrent d'engagement.
Le contexte était donc idéal pour Laurent Blanc, toujours soucieux de qualité offensive, pour associer la sensibilité de Gourcuff et Nasri, en sachant que l'un doit toujours jouer en retrait de l'autre. Ce fut essentiellement le Gone, puisque le Gunner est devenu, avec Wenger, un vrai attaquant, évoluant très haut dans le jeu d'Arsenal. Il n'est pas sûr, bien entendu, qu'avec une formation plus agressive dans les duels et les contacts, tout eût aussi bien fonctionné. C'est en tout cas une formule à travailler, en sachant qu'avec le retour prochain de Diaby, Diarra et sans doute Ribéry, beaucoup de possibilités s'ouvriront à Blanc.
Yoann Gourcuff sait donc qu'il lui faut gommer quelques scories dans son jeu, celles que lui pousse à commettre le désir parfois de trop en faire, qui va à l'encontre la fluidité. Mais le succès de Wembley constitue à ses yeux quelque chose d'important, pour la construction de l'équipe. « Le contenu de ce match va nous donner de la confiance », reconnaît-il. « Il faut s'appuyer là-dessus pour continuer à grandir et à progresser. »
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