Si le match d’hier a bien prouvé une chose, c’est que la France manque cruellement d’un meneur de jeu.
Dans les médias, il y a plusieurs joueurs pour endosser - sans qu’on ait besoin de trop les forcer - le costume du boss. Dans les bus aussi. Sur le terrain, en revanche, l’équipe de France manque cruellement de meneur. Après un début de match plus réaliste qu’autre chose, elle a livré une seconde mi-temps plus inquiétante par moments. Complètement dominée par l’Albanie, sans la moindre idée de jeu apparente, l’EDF a résisté tant bien que mal, et placé quelques contres, ça et là. Et puis là aussi, tant qu’à faire. Laurent Blanc, certainement un peu indigné par ce qu’il a vu, a préféré faire dans le déni en fin de match, au micro de TF1. Dès lors, la ressemblance avec les bleus de Domenech était trop troublante pour ne pas être franchement gênante…
Pourtant, au début, c’était vraiment bien parti, et on y croyait. Un nouveau sélectionneur, une nouvelle génération à intégrer. Une vraie possibilité, après l’ouragan Knysna, de repartir à zéro. Et puis finalement, aujourd’hui, une quinzaine de mois après, on se demande toujours, au fond, ce que vaut vraiment cette équipe. Et plus l’Euro approche, plus on a peur de la réponse. Si d’aventure, les Bleus se foiraient dans les grandes largeurs comme lors de la dernière coupe du Monde ou de l’Euro suissautrichien, cela ferait trois compétitions de suite ratées, et la France pourra alors se demander si la recette du succès n’est pas toute simple : un grand joueur (Platini, Zidane) sinon rien.
Sauf qu’aujourd’hui, point de Zidane et encore moins de Platini. Au poste de meneur de jeu, en charge de renverser le cours du match en prenant le jeu à son compte, Samir Nasri a une nouvelle fois donné le sentiment de ne pas avoir le volume de jeu nécessaire. Multipliant les touches de balle, manquant de tranchant, de vision, pire, d’ampleur, il a donné raison à Laurent Blanc, qui, comme tout le monde sauf lui-même, attend plus de Nasri. Sa belle frappe sur le poteau résume d’ailleurs un peu la situation : s’il l’avait mise, il serait passé pour le patron, celui qui a assuré la victoire. Là, il est encore passé pour celui à qui il manque ce petit quelque chose qui fait la différence avec les plus grands. Du coup, quand il sera enfin de retour de blessure, Yoann Gourcuff aura toujours le droit à sa chance. Plutôt efficace, voire décisif, en Equipe de France, Yoyo sera toujours perçu comme par une bonne partie du public comme trop lent, trop juste, pour diriger la manoeuvre. C’est vrai qu’il pourrait être plus incisif, mais en attendant, il semble davantage avoir en lui cette faculté à rendre les autres meilleurs que Nasri, à lier le jeu de l’équipe, et il serait grand temps que les Bleus jouent mieux que la simple addition de leurs talents ("Gourcuff + Nasri" en tête). (...)
Comme il le désirait, à "gaucheuh", Franck Ribéry n’a pas non plus fait des étincelles mais davantage de dégâts dans la défense adverse. C’est à peu près tout ce qu’il faut attendre de lui d’ailleurs : percer un peu la défense adverse. Car en aucun cas Ribéry ne peut mener le jeu, c’est maintenant une évidence (mais il peut effectivement venir tâter du blindage comme personne, et sur un côté, il va vite redevenir indispensable). Alors qui ? Marvin Martin, rentré trop tardivement (à la 83ème), n’a même pas eu l’occasion de se mettre en valeur. Son heure viendra peut-être, mais pour l’instant, il lui faut déjà gagner sa place de titulaire. Le jeune sochalien sent effectivement très bien le jeu, et a cette capacité à jouer vers l’avant digne des plus grands. Surtout, tout le monde l’a remarqué, sa double initiale est un signe quand il s’agit de chercher le nouveau Zinedine Zidane. Mais si l’on en est réduit à s’accrocher à des trucs pareils, c’est peut-être que l’équipe de France a encore plus besoin d’un meneur de jeu qu’on ne le croit…
Source: So foot
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