Avant Real-OL, la nouvelle de la résurrection de Kaka -aujourd’hui à nouveau blessé- avait beaucoup fait couler d’encre. Avant OL-Real, c’est la résurgence de Gourcuff qui fait parler. Les deux joueurs, transférés à prix d’or, ont traversé un aussi long désert. Et s’ils étaient en train de redevenir eux-mêmes ?
Depuis qu’il a retrouvé le 15 octobre son costume de travail et sa place au sein de son équipe sur le gazon, Yoann Gourcuff est épié. Le moindre de ses gestes est répercuté sur les écrans, les quelques mots qu’il a pu prononcer sont recueillis à la virgule près, comme si ces rares phrases lâchées ici à la sortie d’un terrain où là, dans une interview exclusive donnée au « Monde », détenaient la réponse à LA question : «Est-il revenu ?».
On veut dire revenu pour de bon, c’est-à-dire redevenu le Gourcuff chatoyant, aux gestes limpides et inspirés, à la technique luxueuse, et à l’impact énorme sur le Bordeaux champion de France 2009 ?
Pourtant réputé pour son calme… olympien, Rémi Garde a perdu son calme face à ce décorticage médiatique. « C’est normal qu’on me parle de Gourcuff. Mais il faudrait presque qu’on lui foute la paix, pour le bien du foot français et surtout le sien, pour qu’il retrouve son niveau. C’est un garçon réservé et plutôt discret, il va assumer son statut petit à petit.
C’est un joueur qui retrouve ses sensations » disait-il vendredi, à la veille d’un derby où Gourcuff a inscrit son premier but depuis pile six mois .
La tentation est grande de comparer la traversée du désert du Breton à celle dont Kaka semble lui aussi vouloir se sortir. Le Brésilien a rendu un hommage éloquent à son entraîneur José Mourinho. « Il aurait pu me tuer définitivement, mais au contraire il m’a grandement aidé », relève le Ballon d’Or 2007, qui a vécu un passage à vide de deux ans, au moment d’un transfert de Milan au Real.
Gourcuff aussi a quitté Bordeaux pour l’OL dans une période difficile pour lui. Après un départ tonitruant la saison suivant leur titre, les Girondins s’étaient écroulés après la trêve hivernale dans la deuxième partie de saison. Gourcuff avait envoyé les premiers signes d’un déclin personnel qui n’avait pas empêché l’OL de lui offrir un pont d’or et un tapis rouge pour l’accueillir, à la sortie d’une Coupe du monde désastreuse pour pas mal de très bons joueurs français. Comme Kaka, voilà près de deux ans que Yoann Gourcuff n’est que l’ombre de lui-même, comme le Brésilien, voilà cependant quelques matches qu’il semble envoyer des signes pouvant annoncer la résurgence tant attendue, pour ne pas dire résurrection.
Sans aller jusqu’à établir un parallèle entre les deux hommes, Rémi Garde admet que l’entraîneur a un rôle à jouer pour aider un joueur en difficulté, mais là encore, il préférerait que cela reste dans l’ombre. « C’est un peu difficile d’en parler. Car sans être un secret de vestiaire, c’est un fonctionnement interne entre un entraîneur et un joueur. C’est vrai que j’aime comprendre ce qu’il y a chez l’homme, ce qui se cache derrière le footballeur. La personnalité des joueurs m’intéresse, particulièrement pour ceux qui sont dans la difficulté. Aider l’homme avant d’aider le footballeur me semble important. J’essaie de le faire avec Yoann comme je le fais avec chaque joueur blessé ou dans une mauvaise passe. Après, je fais ça pour le bien de l’équipe et du joueur parce que je sais pour y être passé, que c’est une période difficile dans une carrière. Mais il n’y a pas que Gourcuff et Kaka qui traversent des périodes difficiles, il y en beaucoup d’autres. Lisandro aussi traverse aussi quelque chose de long et difficile. On peut faire beaucoup de parallèles, chaque fois cela reste particulier ».
Aussi particulier que le regard qu’ils ont échangé samedi après le but de Gourcuff, qui marque une étape importante vers le regain tant attendu.
Source: Le progrès.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire