Yoann Gourcuff était donné perdu pour le monde du football il y a huit jours à peine. Certains de mes collègues de débat télévisé (initiales P.P, ou FP, ou SE ou bien encore BRL) le jugeaient traumatisé à vie par le bus de la honte, Ribéry et ses claquettes, Anelka et ses gros mots. Trop fragile, trop couvé, trop gentil, trop poli... Le pauvre Yoann était la cause désespérée de l'équipe de France et de Lyon, au point qu'il était de rigueur de mettre en doute la sélection que lui accordait Laurent Blanc.
Bien. On a vu. Un but contre la Roumanie. Un but et des occasions nettes contre le Luxembourg. À ce bilan, on aurait pu ajouter une passe décisive à Hoarau, contre le Luxembourg, effectuée en première intention, comme on dit de nos jours, mais l'avant-centre parisien n'ayant pas encore détaché la charrue qui est reliée à son postérieur, l'affaire n'a pas été conclue. Dommage. On ajoutera que nous avons eu plaisir à revoir Gourcuff enfin heureux de jouer au football avec des gens heureux. Tant mieux.
Ce que c'est que la psychologie dans le foot tout de même ! Laurent Blanc, en huit jours, a réussi ce que Puel a raté en un mois et demi : redonner à Gourcuff l'envie de jouer, de se redresser, retrouver de l'allant, de la joie, de l'ambition (si j'étais Aulas, je me poserais bien des questions). Le zombie des dernières sorties avec Lyon est redevenu l'un des grands espoirs du football français. Laurent Blanc a-t-il sauvé le soldat Gourcuff ?
On ne dira jamais assez combien il suffit d'un peu d'affect pour redonner à des êtres humains, les footballeurs comme les autres, l'envie de se dépasser, voire de se surpasser. En France, la psychologie a mauvaise presse, il suffit de lire et relire les commentaires suscités la semaine passée par l'initiative de Laurent Blanc relative à l'instauration d'un suivi psychologique des Bleus. Tout juste si certains journalistes n'ont pas appelé un exorciste pour délivrer Laurent Blanc du démon qui est en lui. Et pourtant... Les uns et les autres seraient bien inspirés d'aller voir du côté du «Milanlab» du Milan AC, extrême sophistication du genre.
Un jour, dans un débat sur I>télé, l'un de mes contradicteurs (initiales BRL) m'avait moqué parce que j'avais dit qu'il fallait que le joueurs d'une équipe de foot devaient s'aimer pour bien jouer et que les bons entraineurs savaient nouer un lien fort entre eux et leurs joueurs afin de tirer tout le monde vers le haut (cf Mourinho). Il m'avait répondu que cette notion était vaine dans le monde pro d'aujourd'hui, que l'affect n'y avait plus de place.
Ce qu'a réalisé Blanc avec Gourcuff cette semaine est pourtant l'illustration du bien-fondé de ma théorie. En le sélectionnant alors qu'il n'était pas au mieux, en le faisant jouer dans un contexte sain, avec des coéquipiers qui ne se croient pas dans «Secret Story 3», le sélectionneur national avait adressé un message simple à Gourcuff. La confiance que l'on fait aux autres, c'est aussi une façon de leur manifester de l'affection. Et pour oser ce genre de pari risqué, il faut se sentir soi-même très fort, en clair, ne pas avoir une mauvaise estime de soi déplacée sur les autres sur un mode pervers. Voilà ce qui différencie Blanc de Domenech, C'est grand. C'est chevaleresque. C'est le chevalier Blanc.
Source: Blogteam.sport24/Bruno Roger Petit
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