Yoann Gourcuff tient, en l'absence de Franck Ribéry et Samir Nasri, l'occasion de s'approprier l'aile gauche des Bleus et de rattraper le temps perdu avec l'équipe de France. A Montevideo, à son arrivée en Amérique du Sud, Gourcuff a plané sur le premier entraînement.
Il y a des attitudes qui ne trompent pas. Après un voyage de 16 heures et un décalage horaire assommant, il existe des entrainements plus propices que d'autres pour traîner la patte. Mais ce lundi, sur la pelouse de l'Estadio Gran Parque Central, Yoann Gourcuff avait le mors aux dents. Comme si sa vie dépendait de chaque ballon qu'il touchait, il fut la plaque tournante de l'équipe des chasubles rouges lors de la première opposition en Amérique du Sud entre les Bleus de Didier Deschamps. Le sélectionneur ne s'y est d'ailleurs pas trompé encourageant sans cesse celui qui rayonnait, alors, par sa capacité à faire briller les autres.
C'est une première bonne nouvelle : Yoann Gourcuff n'est pas venu à l'autre bout du monde pour parfaire son bronzage. Le Lyonnais est bien décidé à renouer le fil d'une histoire avec les Bleus qui ne cesse de bafouiller. Entre le Roumanie-France de 2008 (2-2) et Knysna, Gourcuff a connu une expérience sinusoïdale qui suivait la courbe de ses performances en club. L'énigme n'a cessé de s'épaissir à mesure qu'il enchainait les prestations inégales. Brillant au coeur de l'ère Domenech, timoré et quelconque avec Laurent Blanc. Absent, souvent.
Didier Deschamps ne lui a donné sa chance qu'une quinzaine de minutes à Parme en novembre dernier, lors de la victoire en Italie (1-2). Mais le sélectionneur a décidé de l'emmener dans ses bagages en Uruguay et au Brésil pour une raison simple : "Gourcuff a été performant avec son club sur les derniers matchs avec Lyon, il a retrouvé des jambes, note Deschamps. Sa qualité footballistique, il l’a toujours eue, il a surtout été embêté par des répétitions de blessures. Il peut apporter beaucoup de choses sur le plan technique. Cette sélection me permet de le revoir."
A gauche, la voie est libre. Ribéry, retenu par la Coupe d'Allemagne et une fin de saison dantesque, n'est pas du voyage. Cela tombe bien, Gourcuff se régale depuis quelques semaines dans ce couloir à Lyon. Voilà pourquoi Deschamps l'a, avant le forfait de Nasri, préféré à Clément Grenier, la nouvelle star de l'OL : "L’un a un vécu international, l’autre un potentiel, relève Deschamps. Ils peuvent évoluer au même poste, mais Yoann peut aussi jouer sur un côté alors que Clément joue au cœur du milieu."
Pour l'équilibre du onze tricolore, Gourcuff est la pièce qu'il manquait au puzzle du sélectionneur lors de cette tournée sud-américaine : "Ce n’est pas un ailier mais c’est une question d’association. Tous les joueurs offensifs disent que leur meilleure place est dans l’axe, ce n’est pas évident à assumer. Il faut trouver un équilibre", déclarait Deschamps le 17 mai dernier. L'occasion est belle d'assumer enfin un leadership technique dont les exigences semblaient brider son talent. Loin de la France et d'une pression qu'il a encore trop de mal à supporter, Gourcuff peut retrouver le rôle qu'il n'aurait jamais dû abandonner. Le premier entrainement a donné le ton. Mais ce n'est qu'un début. Désormais, l'équipe de France attend de lui qu'il aille au bout de ses idées.
Source: Eurosport